Turin n’a pas la grandeur de la cathédrale de Milan.
Ni les canaux romantiques de Venise.
Et pourtant… c’est ma ville coup de cœur.
Peut-être parce que c’est la première que nous avons découverte ensemble, lui et moi.
Peut-être parce qu’à Turin, j’ai eu la sensation rare d’être dans une comédie romantique, version italienne. Mais vraie.
Au détour d’une rue, nous sommes tombés — par hasard, par magie — sur la Piazza Castello.
Une place immense, comme seules les villes italiennes savent en cacher.
Un musicien jouait un air romantique, une fontaine chantait doucement au centre, et autour de nous… ces bâtiments monumentaux, qui donnent à l’espace un vertige de grandeur.
On se sent tout petit, tout vivant.
Et dans ce moment suspendu, entre une note et un sourire, on s’est regardés…
Et on s’est sentis encore plus amoureux.
C’est bête, peut-être.
Mais c’était beau.
Turin, c’est aussi une autre forme de magie : celle du café.
Pas n’importe lequel : le Bicerin — une spécialité locale à base de café, de chocolat et de crème. Autant vous dire que ça cochait toutes mes cases gourmandes.
On ne voulait pas le goûter n’importe où.
On voulait du typique, du beau, du vrai.
Et on a trouvé le Caffè Mulassano.
Un café historique, minuscule mais somptueux, avec ses boiseries patinées, ses miroirs aux reflets d’époque, et sa petite fontaine de bronze et de marbre sur le comptoir — où l’on peut se servir de l’eau fraîche comme autrefois.
Un lieu hors du temps, où tout semble murmurer : prends le temps.
Les Italiens, eux, n’y traînent pas : un café au comptoir, une gorgée, un au revoir.
Mais nous, on a résisté à la cadence. On a pris le temps.
Et ce Bicerin…
Dès la première gorgée, tout s’est arrêté. Juste cette explosion de douceur, ce velours tiède qui glisse sur la langue, ce mariage parfait entre l’amertume du café, la rondeur du chocolat, et la tendresse de la crème.
C’était… réconfortant, voluptueux, presque indécent. C’est peut-être le meilleur café que j’ai bu de toute ma vie — et pourtant, Dieu sait que j’en ai bu. C’était plus qu’un café : c’était une déclaration d’amour liquide.
Mon homme m’a regardée, il a souri — et j’ai su qu’il ressentait exactement la même chose.
Je le dis sans hésiter, avec la même intensité que je l’ai bu :
à Mulassano, on sert du bonheur. En tasse.
L’autre chose qui m’a fait tomber amoureuse de Turin ?
Un écureuil. Oui, un vrai. Avec sa petite queue en panache et ses yeux curieux.
Au parc Valentino, je l’ai touché… enfin, c’est lui qui m’a touchée !
Il s’est approché, comme ça, l’air de rien, puis paf, il m’a frôlé la main du bout de sa patte.
J’ai failli pleurer de bonheur. Vraiment.
Pour moi, qui adore les écureuils au point de leur parler comme à des bébés chats, c’était un moment de grâce.
Je suis restée là, figée, le sourire béat, pendant que lui filait comme une fusée dans les arbres.
Un instant suspendu, un petit miracle de fourrure.
Rien que pour ça, Turin a gagné un bout de mon cœur.
Ce parc est un petit bijou, avec un village médiéval reconstitué qui nous transporte dans un autre temps.
C’est calme, verdoyant, et un peu hors du monde.
Et puis, il y a le marché.
Ah, les marchés… c’est un de nos plaisirs à tous les deux : flâner entre les étals, sentir les produits locaux, goûter, discuter.
On a retrouvé ce caractère chaleureux des Italiens.
On s’est offert un jambon de Parme incroyable, fondant en bouche, vendu par un agriculteur charmant qui parlait un peu français.
Et on est repartis avec le sourire, les bras chargés, et l’estomac déjà en fête.
Le soir, retour au camping.
Car oui, il est risqué de laisser les camping-cars sans surveillance en ville — ce n’est pas un mythe.
On s’est posés tranquillement avec un Spritz, notre jambon, une salade de tomates, et cette sensation de repos bien mérité après une journée à marcher.
Et je ne peux pas terminer sans évoquer l’endroit où nous avons passé la nuit :
Relax and Go, un petit camping pour camping-cars qui ne paie pas de mine mais fait un bien fou après une journée citadine.
Le propriétaire ? Un homme adorable, serviable, toujours de bonne humeur.
Et si jamais, un jour, il lit ces lignes (on ne sait jamais)…
Je voudrais le remercier.
Car c’est grâce à des accueils comme le sien que les voyages laissent de belles traces.
Turin, c’est peut-être la ville des grands bâtiments…
Mais moi, je m’en souviens pour toutes ses petites choses.
Et c’est ça, la magie.