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mercredi 28 mai 2025

Super Maman (sans cape mais avec des cernes)

Ce week-end, les mamans étaient à l'honneur.
Alors forcément, j’ai eu envie d’écrire quelque chose sur le quotidien d’une mère au foyer (que je connais très très bien 😜). Voici donc une petite fiction… pas si fictive que ça.



Parfois, elle se demandait ce que ça ferait… juste une journée. Une seule.
Sans qu’on l’appelle toutes les 6 minutes. Sans entendre « Maman ? » avec des variantes allant du geignement dramatique au cri d’urgence vitale pour un lacet défait.
Une journée sans avoir à couper une pomme en huit, sans chercher une chaussette droite ni une motivation gauche.

Elle adorait ses enfants. Vraiment. À s’en user le corps et l’âme.
Mais parfois… elle rêvait d’un hôtel. D’un lit king size sans peluche, sans tache de compote, sans petit pied glacé dans le dos à 5 h du matin.
Elle rêvait de silence. Un vrai. Pas celui qui précède une bêtise monumentale.
Juste… le calme. Le rien.

Parce que la vérité, c’est que ce n’était pas qu’une maman.
C’était une armée. Une brigade d’intervention, de secours, d’amour inconditionnel.
Elle était multitâche.
Pédiatre, cuisinière, psy, négociatrice internationale (« tu prêtes ta voiture à ton frère ou je te confisque ton doudou »), décoratrice d’intérieur (quand elle ramassait les lego à la cuillère), prof de maths sans le salaire, femme de ménage sans congés, et médiatrice conjugale quand son mari soupirait en disant : « j’suis crevé ce soir ».

Elle avait quatre enfants. Un mari. Un chat psychopathe. Et 0 minute à elle.

La journée commençait par des tartines brûlées et un bébé accroché à la hanche comme un koala sous anxiolytiques.
Elle jonglait entre les devoirs, les couches, les taches de chocolat et les « je t’aime maman » criés la bouche pleine.

Elle n’avait pas de pause déjeuner.
Ses repas se prenaient debout, à moitié froids, pendant qu’un des enfants lui demandait si « les mammouths étaient végétariens » et qu’un autre lui confiait qu’il avait peut-être mangé un vers de terre, mais pas exprès.

Il arrivait qu’elle s’énerve, oui. Qu’elle crie même. Mais dès que le petit dernier l’appelait “mamou” avec sa bouche pleine de bave et d’amour… elle fondait.

C’était beau. Épuisant. Chaotique. Merveilleux.

Mais parfois, elle pensait à son corps.
Ce corps qu’on tripote pour vérifier la température, qu’on tire pour obtenir un câlin, qu’on bouscule dans le couloir, qu’on ignore aussi.
Un jour, elle a dit à son mari : « Je suis aussi une femme, tu sais. »
Il lui a répondu "T’as pas oublié de racheter du dentifrice j’espère ? Je suis crevé."
Elle a eu envie de lui coller un biberon entre les omoplates.

Parce qu’elle aussi était crevée.
Crevée mais vivante.
Avec des envies qui n’ont rien à voir avec les compotes bio ni les listes de fournitures scolaires.
Avec des fantasmes, des rêves, des élans de fuite aussi.

Mais malgré tout, chaque jour, elle remettait sa cape invisible.
Elle réparait des cœurs brisés par une dispute de billes.
Elle recollait des morceaux de moral d’adolescent dans une crise existentielle ("Mais pourquoi j’existe, si c’est pour aller au lycée ?").
Elle lavait, rangeait, réconciliait.
Et le soir, quand tout le monde dormait enfin, elle s’asseyait dans le silence.
Juste pour respirer. Une minute.

Elle se disait qu’elle était fatiguée.
Qu’elle donnerait tout pour une nuit complète, un compliment, un massage, un regard qui dit : « je te vois ».
Et puis un petit bruit dans le couloir, une voix endormie :
« Maman ? »
Elle soupira, déjà prête à repousser la couette, les pieds en quête du sol froid.
Mais une main douce se posa dans son dos.
« Repose-toi, j’y vais », murmura son mari, en déposant un baiser léger sur son front.
Un geste simple. Une phrase douce.
Et soudain, elle se souvenait pourquoi elle l'aimait.

Être mère au foyer, ce n’était pas un métier.
C’était un don de soi. Un effacement.
Mais aussi, une forme d’amour si brut, si viscéral, qu’aucune fatigue, aucune lassitude, ne pouvait vraiment en ternir la lumière.
Et même si personne ne lui demandait jamais comment s’était passée sa journée…elle ne changerait sa place pour rien au monde.

Mais bon sang, parfois, elle aimerait qu’on la remercie.
Et qu’on la laisse faire pipi tranquille.


Tya M.





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